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9ᵉ loi


GAGNE PAR TES

ACTIONS, JAMAIS

PAR L'ARGUMENTATION.



Tout triomphe momentané obtenu par la voie de l'argumentation n'est en réalité qu'une victoire à la Pyrrhus : le ressentiment et l'hostilité que vous suscitez sont plus forts et durent bien plus longtemps que tout changement d’opinion éphémère. Il est beaucoup plus efficace de faire en sorte que les autres adhèrent à votre point de vue par vos actions, sans prononcer le moindre mot. Démontrer, ne pas expliciter.



En 1502, à Florence, en Italie, un immense bloc de marbre se tenait dans l'atelier de l'église Santa Maria del Fiore. Autrefois une magnifique pièce de pierre brute, un sculpteur peu habile avait malheureusement percé un trou là où auraient dû se trouver les jambes de la figure, le mutilant généralement. Piero Soderini, maire de Florence, avait envisagé de sauver le bloc en confiant le travail à Léonard de Vinci ou à un autre maître, mais avait abandonné, car tout le monde s'accordait à dire que la pierre avait été ruinée. Malgré l'argent gaspillé, le bloc de marbre s'était retrouvé à accumuler de la poussière dans les sombres couloirs de l'église.


C'est dans cette situation que quelques amis florentins du grand Michel-Ange décidèrent d'écrire à l'artiste, alors installé à Rome. Lui seul, disaient-ils, pouvait faire quelque chose de ce marbre, qui demeurait une matière première magnifique. Michel-Ange se rendit à Florence, examina la pierre et conclut qu'il pouvait en effet sculpter une belle figure, en adaptant la pose à la manière dont la roche avait été mutilée. Soderini argumenta que c'était une perte de temps – personne ne pourrait sauver un tel désastre – mais il finit par accepter de laisser l'artiste travailler dessus. Michel-Ange décida de représenter un jeune David, fronde en main.


Quelques semaines plus tard, alors que Michel-Ange apportait les touches finales à la statue, Soderini entra dans l'atelier. Se croyant un peu connaisseur, il étudia l'immense œuvre et dit à Michel-Ange que bien qu'il la trouvât magnifique, il jugeait que le nez était trop gros. Michel-Ange réalisa que Soderini se tenait à un endroit juste en dessous de la figure géante et n'avait pas la bonne perspective. Sans un mot, il fit signe à Soderini de le suivre sur l'échafaudage. Atteignant le nez, il prit son ciseau, ainsi qu'un peu de poussière de marbre qui se trouvait sur les planches. Avec Soderini à quelques pieds en dessous de lui sur l'échafaudage, Michel-Ange commença à taper légèrement avec le ciseau, laissant tomber peu à peu les morceaux de poussière qu'il avait rassemblés dans sa main. En réalité, il ne fit rien pour changer le nez, mais donna l'impression de travailler dessus. Après quelques minutes de cette mise en scène, il se recula : « Regardez-le maintenant. » « Je le préfère comme ça, » répondit Soderini, « vous l'avez fait revivre. »



Interprétation


Michel-Ange savait que modifier la forme du nez pourrait ruiner l'ensemble de la sculpture. Pourtant, Soderini était un mécène qui se targuait de son jugement esthétique. Offenser un tel homme en discutant ne rapporterait rien à Michel-Ange et mettrait en péril ses commandes futures. Michel-Ange était trop astucieux pour argumenter. Sa solution consistait à changer la perspective de Soderini (littéralement en l’amenant plus près du nez) sans lui faire réaliser que c’était la cause de sa perception erronée. Heureusement pour la postérité, Michel-Ange a trouvé un moyen de préserver la perfection de la statue tout en faisant croire à Soderini qu’il l’avait améliorée. Tel est le double pouvoir de gagner par les actions plutôt que par les mots : personne n'est offensé et votre point de vue est démontré.

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